Scandale Wang Leehom: son ex-femme Lee Jinglei déclenche un débat sur l'inégalité des genres

1641403897737 Chine-info HU Wenyan

Lee Jinglei, ex-femme de la mandopop star Wang Leehom, a crée le buzz sur le Net chinois en dévoilant les infidélités de ce dernier et en dénonçant la non-valorisation des femmes au foyer, créant un fort écho auprès des Chinoises sur fond de nouvelle politique nataliste instaurée dans l’empire du Milieu.

Le 17 décembre dernier, au lendemain de l’annonce de leur divorce, Lee Jinglei, habituellement discrète sur sa vie privée, a publié un post fleuve (5 000 sinogrammes) sur le réseau social Weibo dans lequel elle révèle les infidélités de son ex-mari Wang Leehom et la violence psychologique dont elle a été victime durant leurs années de mariage.

Née d’une mère taïwanaise et d’un père japonais, Lee Jinglei est diplômée de la prestigieuse université de Columbia. Sur le papier, son histoire d’amour avec l’américain d’origine chinoise Wang Leehom avait tout d’un conte de fée : mariés en 2013, ils eurent trois enfants (deux filles et un garçon) durant les 8 ans de leur union. Mais la réalité était loin d’être idyllique.

« Depuis qu’on s’est marié, j’ai passé la plupart du temps à gérer les grosses puis les enfants », « Toi et tes parents n’avez cessé de m’insulter et de remettre en cause tout ce que je faisais », « Tu n’étais jamais présent lors des anniversaires de nos enfants, ni pendant les grandes fêtes familiales », « Je sais que tu as rejoint une des tes maîtresses après un concert à Shanghai », « J’ai trouvé des notes dans lesquelles tu as décris le physique des prostituées que tu as fréquenté… parmi lesquelles je reconnais des personnes de notre entourage. »

Les charges s’accumulant contre Wang Leehom, les accusations de Lee Jinglei enflamment les réseaux sociaux chinois car le célèbre chanteur avait jusqu’ici véhiculé une image de gendre idéal et de bon élève. De plus, le scandale vient éclabousser le monde du divertissement, déjà dans le collimateur des autorités chinoises pour avoir alimenté une culture toxique au préjudice des enfants. Dans les 24 heures après la publication de Lee Jinglei, quatre entreprises ont annoncé mettre fin au partenariat avec Wang Leehom. 

Si l’actu people s’est transformée en débat national, c’est que la dénonciation de Lee Jinglei dépasse la sphère privée. Elle a démontré, de manière structurée et limpide, l’injustice sociale que peuvent subir les femmes au foyer. « Non rémunérées, ces femmes, qui travaillent 24h/24 et sans aucun congé pendant toute l’année, sont à la fois nounou, maîtresse, femme de ménage, chauffeur et épouse », dénonce Lee plus loin dans son post.

Elle évoque par ailleurs son dilemme personnel, celui d’avoir du choisir entre faire carrière et devenir femme au foyer, une situation à laquelle sont confrontés de nombreuses femmes d’aujourd’hui. Selon Lee, la non-valorisation du travail des femmes au foyer crée de l’inégalité sur le plan familial et social : « en cas de divorce, les femmes au foyer se retrouvent désemparées ».

Pour China Women's News, l’expérience de Lee pourrait servir de leçon aux jeunes femmes chinoises. Crée sous la bannière de la Fédération nationale des femmes de Chine, le journal déclarait que « même si devenir femme au foyer serait une décision personnelle, le travail professionnel leur donnerait une plus grande sécurité ». Si ce discours s’inscrit dans la lignée du féminisme socialiste chinois - « Les femmes soutiennent la moitié du ciel », dixit Mao Zedong -, et qui semble faire consensus, de nombreuses internautes ont également évoqué l’envers du décor : dans le monde du travail, les femmes, faute d’une protection institutionnelle, subissent également une discrimination liée à leur genre.

Suite à une confrontation houleuse de l’ancien couple par posts interposés, Wang Leehom a fini par s’excuser, mais en donnant une explication des plus ambiguës : « c’est à l’homme de prendre toutes les responsabilités ».    

La polémique intervient au moment où la Chine commence une politique nataliste, autorisant les familles à avoir jusqu'à trois enfants,  afin de faire face au vieillissement de la population. Ainsi, la province du Shaanxi envisage même d’augmenter la durée du congé maternité jusqu’à 350 jours(contre 98 jours aujourd’hui), ce qui a pour conséquence de provoquer l’angoisse chez certaines femmes qui s’inquiètent pour leur avenir professionnel. Dans ce contexte, le manifeste de Lee Jinglei tombait à pic dans une société chinoise en pleine transition au point de devenir, malgré elle, une des porte-paroles des luttes féministes.


Photo : Dr.

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