Dans une interview accordée à l’agence de presse China News, Liang Yuchun, doyen de l'Institut d'études avancées sur l’ethnie et la société à l'Université normale du Xinjiang, estime que la croissance démographique du Xinjiang est une preuve irréfutable de progrès social. Entretien.

China News Service : Pourquoi le développement démographique du Xinjiang est-il équilibré et sain ?

Liang Yuchun : Les données du septième recensement national montrent que la population de tous les groupes ethniques du Xinjiang continue de croître régulièrement. En 2020, le Xinjiang comptait 25,8523 millions d’habitants, soit 4,0365 millions de plus qu’en 2010, avec un taux de croissance annuel moyen de 1,71 %. La croissance démographique totale, classée au huitième rang national, se situe à un niveau relativement élevé.

Au Xinjiang, la moyenne du nombre d'années d'études pour les personnes âgées de 15 ans et plus est passée de 9,27 en 2010 à 10,11 en 2020, et le nombre de personnes ayant fait des études universitaires est passé de 10 635 pour 100 000 habitants en 2010 à 16 536 en 2020.

La répartition par âge de la population du Xinjiang présente une forme Λ, avec une forte population en âge de travailler composée de jeunes et de personnes d'âge moyen, et une faible population d'enfants et de personnes âgées. Cette répartition par âge est relativement raisonnable et est meilleure que celle de tout le pays. En 2020 par exemple, au Xinjiang, les enfants âgés de 0 à 14 ans représentaient 22,46 % de la population, les personnes âgées de 15 à 59 ans, les personnes en âge de travailler représentaient 66,26 % de la population, et les personnes âgées de 60 ans et plus représentaient 11,28 % de la population.

Dans le même temps, la répartition par sexe se situe dans une fourchette raisonnable. Ainsi en 2020, au Xinjiang, les personnes de sexe masculin représentaient 51,66 % de la population, et les personnes de sexe féminin 48,34 %. Le sex-ratio de la population totale ressort à 106,85, ce qui se situe dans la fourchette normale internationalement reconnue de 104-107.

Enfin, le taux d'urbanisation de la population du Xinjiang continue d'augmenter, avec, en 2020, 56,53 % de citadins et 43,47 % de ruraux. Par rapport à 2010, la population urbaine a augmenté de 13,73 %, preuve que le Xinjiang a obtenu des résultats remarquables en matière d'accélération de l'urbanisation axée sur le mouvement de population.

À noter aussi un flux migratoire sans précédent, dans un contexte marqué par l’amélioration des conditions de vie grâce au développement des moyens de transports (trains, avions…) et à la création d’emploi. La mixité ethnique a elle aussi augmenté.

En janvier 2022, des collégiens de Ürümqi, chef lieu de Xinjiang, participaient à un événement sportif © Xinhua

CNS : Pourquoi le développement démographique du Xinjiang est-il le reflet du progrès social ?

Liang Yuchun : Développement démographique et développement économique et social s’influencent mutuellement. La démographie est un important facteur de développement économique et social. D’un autre côté, le développement et les progrès du Xinjiang ont fourni des conditions économiques et sociales solides qui favorisent la croissance démographique. En 2020, la population du Xinjiang a atteint 25,85 millions, contre 21,81 en 2010, 12,33 en 1978, et 4,33 en 1949, année de la libération pacifique du Xinjiang. Preuve qu’au cours des 70 dernières années, la population du Xinjiang a augmenté de façon constante et stable, du fait notamment du développement économique et social de la région.

En 1952, le PIB du Xinjiang n'était que de 791 millions de yuans, et il a atteint 1 379,758 milliards en 2020, soit 1 744,3 fois celui de 1952. En 1952, le PIB par habitant du Xinjiang n'était que de 166 yuans, et il a atteint 53 593 yuans en 2020, soit 322,8 fois celui de 1952.

Enfin, au Xinjiang, on ne comptait en 1949 que 9 collèges et 1 université. En 2020, on compte 1 211 collèges et 56 universités. Avant 1949, il n’y avait que 54 établissements médicaux et 696 lits d’hôpitaux. En 2019, on dénombrait 18 376 établissements médicaux et 186 426 lits d'hôpital. Et l’espérance de vie moyenne est passée de moins de 30 ans en 1949 à 74,7 ans en 2019.

Comme le reste de la Chine, le Xinjiang est en train de construire une société de moyenne aisance, où différents groupes ethniques ont vu leur niveau de vie considérablement s’améliorer.

En mai 2021, un professeur de street-dance dans son studio à Ürümqi © Xinhua

CNS : Quelle est la loi générale de l'évolution de la population mondiale ?

Liang Yuchun : Elle prévoit que, parallèlement au développement économique et social, un pays ou une nation connaîtra une évolution démographique en trois phases. La première est marquée par une natalité élevée, une mortalité élevée et une croissance faible ; la deuxième par une natalité élevée, une mortalité faible et une croissance élevée ; la troisième par une natalité faible, une mortalité faible et une croissance faible. La raison fondamentale en est qu’avec l’amélioration du niveau de développement économique et social, les gens ont de plus en plus envie de se réaliser ; et ils veulent se marier tardivement, avoir moins d’enfants mais une meilleure procréation. Ce qui entraîne une baisse du taux de fécondité et du taux d'accroissement naturel de la population.

Au Xinjiang, avec un développement économique et social continu, les mentalités ont changé, et avec elles le concept du mariage et de la maternité. Les habitants du Xinjiang sont de plus en plus nombreux à opter pour le mariage tardif et la procréation tardive. Depuis 2018, la démographie du Xinjiang commence à baisser tout en se maintenant à un niveau de croissance stable.

CNS : Pourquoi dit-on que la population des minorités ethniques comme les Ouïghours est entrée dans la meilleure période de développement de l'histoire ?

Liang Yuchun : Lorsque la République populaire de Chine a été fondée en 1949, les Ouïghours étaient l'ethnie la plus nombreuse du Xinjiang. Cette situation est restée inchangée à ce jour. Selon le livre blanc Développement de la population au Xinjiang, la population ouïghoure est passée de 3,6  millions en 1953 à 11, 62 en 2020.

Rien qu'au cours des 20 années allant de 2000 à 2020, le taux de croissance annuel moyen de la population ouïghoure a atteint 1,67 %, bien plus que les 0,83 % pour les autres ethnies sur la même période.

La moyenne du nombre d'années d'études des Ouïghours âgés de 15 ans et plus est passé de 7,06 en 2000 à 9,19 en 2020, et la proportion d’Ouïghours  ayant fait des études universitaires est de 8 944 pour 100 000, soit  6 540 de plus qu’en 2000.

En termes de structure de la pyramide des âges en 2020, 30,51 % des Ouïghours ont entre 0 et 14 ans, 60,95 % ont entre 15 et 59 ans et 8,54 % ont 60 ans et plus, ce qui montre que la proportion des jeunes et des personnes d’âge moyen est plutôt élevé chez les Ouïghours. À titre de comparaison, au Xinjiang pour les mêmes classes d’âge, ces proportions s’établissent respectivement à 22,46 %, 66,26 % et 11,28 % de la population totale.

Cet article a été initialement publié en chinois sur Chinanews.com.cn

Photo du haut : Le rappeur né à Xianjiang, Newqiran Yüsüp, alias LIL-EM, donnait en octobre 2021 un concert à Changsha, dans la province du Hunan © Compte Weibo du chanteur