Coupe d'Asie : le foot, un sport résolument féminin
Lors de la Coupe d'Asie, l’équipe de foot masculin a essuyé un échec historique, là où l’équipe féminine a gagné haut la main une finale face à la Corée du sud. Un foot chinois à deux vitesses.
Victoire à rebondissements : le 6 février, lors de la finale de la Coupe d'Asie féminine, la Chine gagnait le trophée face à la Corée du Sud (3-2), après avoir été menée 2-0 jusqu’à la mi-temps. « Une victoire réjouissante, certes, mais pas historique », a relativisé Shui Qingxia, la sélectionneuse de l'équipe nationale féminine et ancienne joueuse star. Pourtant les « Roses d’Acier », comme on surnomme ces footballeuses désormais acclamées en Chine, ont connu de nombreux succès internationaux : 9 couronnes continentales, une finale de Coupe du monde, une médaille d'argent olympique... Or voilà : ce passé glorieux a jusqu’à aujourd’hui toujours été dans l'ombre du foot masculin chinois qui, lui, accumule les échecs ! Le paradoxe du foot chinois.
Cinq jours plus tôt, jour du nouvel an lunaire, un même scénario se profilait chez ces messieurs dès la mi-temps, menés 2-0 par le Vietnam. Sans avoir réussi à retourner la situation, ils ont subi une raclée historique : la première défaite de la Chine face à son voisin en soixante-deux ans. L’année du Tigre démarrait mal. Les critiques acerbes ont évidemment plu sur la toile : « honte », « catastrophe humaine »... Certains ont pointé du doigt les « bureaucrates » de la fédération du football chinois et sa stratégie de miser sur des footballeurs naturalisés…
Dans ce contexte, la dernière victoire décrochée par l'équipe de foot féminine a achevé de faire de ces dames les nouvelles icônes de la jeunesse chinoise. Ayant essuyé tout récemment un revers cuisant lors des Jeux olympiques de Tokyo, les joueuses ont fait preuve de ténacité et de combativité tout au long du match face à la Corée. Un sport de haut niveau qui est une affaire aussi bien physique que psychologique : en plus de la bonne stratégie et de l'ingéniosité technique des joueuses, la victoire a tenu aussi à la confiance en soi peu à peu retrouvée chez ces dames, grâce dit-on, aux encouragements et à la lucidité de Shui Qingxia, la première femme nommée sélectionneuse de l’équipe nationale. Pour le journaliste sportif Chen Hua, les footballeuses qui ont déjà joué dans des clubs occidentaux, telles que Wang Shuang ou Tang Jiali, ont brillé sur la pelouse. « Pour faire encore progresser l’équipe de foot féminine, il faut encourager les joueuses à aller aiguiser leurs compétences ailleurs dans les clubs », juge-t-il.
La victoire des Chinoises lors de la Coupe d'Asie n’a pas manqué au passage, de raviver un vieux débat sur l’égalité salariale entre hommes et femmes. Selon le média chinois The Time Weekly, en Chine, les meilleures footballeuses peuvent gagner jusqu’à 1 million de yuans. Un salaire annuel qui ne représente que le cinquième de leurs confrères de l'équipe masculine, et qui a poussé l'animateur star Huang Jiangxiang à lancer cet appel à la télévision chinoise : « Il faut donner à l'équipe féminine une prime équivalente à celle des hommes. À travail égal, salaire égal ! » La victoire de l'équipe féminine changera-t-elle la donne ? Le temps nous le dira.
Photo : DR.
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