Comment les humains peuvent-ils vivre en harmonie avec les déserts et les oasis ?

1660218203457 China News Service

Le réseau terrestre traditionnel de la Route de la Soie, qui s’étire sur 6 440 km, part de l'ancienne capitale chinoise Chang'an (aujourd'hui Xi'an), traverse le Gansu et le Xinjiang pour atteindre la Méditerranée à travers les pays d'Asie centrale, l'Afghanistan, l'Iran, l'Irak, la Syrie, puis aboutit à Rome. Cette route, qui relie les anciennes civilisations orientale et occidentale du continent eurasien, est également connue sous le nom de « Route de la soie du désert et de l’oasis ». 

Dans un entretien accordé à China News, Wang Tao, chercheur à l'Institut de recherche sur les ressources écologiques du Nord-Ouest de l'Académie chinoise des sciences, explique comment les hommes ont tenté de cohabiter avec les déserts et les oasis et revient sur l’expérience chinoise menée dans le cadre de la lutte mondiale contre la désertification.

Comment ont été choisis et développés les tracés de la Route de la Soie terrestre ? Comment les déserts et les oasis qui jalonnent cette route ont-ils changé au fil des ans ?

Il y a plus de 100 ans, l'Allemand Ferdinand von Richthofen a inventé le concept de « Route de la Soie ». Au fil des années, la Route de la Soie est devenue un terme générique pour désigner les routes permettant les échanges politiques, économiques et culturels entre la Chine et l'Occident dans les temps anciens. La Route de la Soie terrestre à laquelle nous faisons souvent référence désigne principalement un corridor terrestre entre l'Europe et l'Asie. Entourée par le désert de Gobi depuis l’Antiquité, la Route de la Soie souffre de conditions naturelles rudes, avec peu de précipitations, des températures élevées, des vents violents et des tempêtes de sable. À l’époque de l’ouverture de la Route de la Soie, il y avait encore plus de déserts et de terres en friche qu’aujourd’hui.

Avec la multiplication des échanges et les progrès technologiques le long de la Route de la Soie, comment la Chine transforme-t-elle le désert en oasis ? Comment gérer l'équilibre entre les deux, pour que l'homme et la nature puissent coexister harmonieusement ?

La plupart des zones traversées par la Route de la Soie pâtissent de conditions naturelles difficiles et d’un environnement écologique fragile. Les hommes doivent redoubler d'efforts pour développer de nouveaux espaces de vie. « La prévention et la lutte contre la désertification, la transformation du désert en oasis et la création de terres fertiles au milieu du désert » font partie des mesures mises en place depuis la fondation de la République populaire de Chine (1949). Ainsi dans les années 1950, des projets de prévention et de lutte contre la désertification, organisés au niveau national, ont été mis en œuvre. En 1952, l'Institut de recherche sur les forêts et les sols de Shenyang de l'Académie chinoise des sciences a amorcé la recherche sur la prévention et le contrôle des catastrophes dues au vent et au sable dans la région du nord-est, et en 1954, le même institut a entrepris les travaux de recherche sur la prévention du vent et la fixation du sable le long du chemin de fer Baotou - Lanzhou.

À l'heure actuelle, la Chine a stoppé avec efficacité la progression de la désertification. Surtout, depuis 2000, l’étendue des terres désertifiées a progressivement diminué. Le pays a atteint plus tôt que prévu l’objectif d’une croissance zéro des terres arides et semi-arides d’ici à 2030, fixé par la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. Au terme de plusieurs décennies de travail acharné, la lutte contre la désertification de la Chine a franchi quatre étapes : le développement, le développement rapide, l’inversion partielle de la tendance de désertification, le contrôle total. Les efforts conjoints du gouvernement, des entreprises et de la population ont permis un changement historique : autrefois, le désert obligeait les hommes à partir ; aujourd’hui, les espaces verts font reculer le désert.

Comment la Chine peut-elle faire bénéficier les pays qui jalonnent la Route de la Soie de son expérience en matière de lutte contre la désertification ?

Il faut dire que la plupart des pays situés le long de la Route de la Soie se situent dans des zones fortement désertifiées et souffrent de tempêtes de sable. Depuis la réforme et l'ouverture de la Chine (1978), le pays a progressivement promu dans le monde son expérience de la prévention et du contrôle de la désertification. En 1987, le Programme des Nations Unies pour l'environnement a créé le Centre international de recherche et de formation sur la lutte contre la désertification au sein de l'Institut de la désertification de Lanzhou, lequel est rattaché à l’Académie chinoise des sciences. Presque chaque année, des personnes de pays en développement touchés par la désertification sont invitées à suivre des formations, des cours, des échanges académiques et techniques, et à visiter les réalisations obtenues par la Chine dans le cadre d’importants projets de prévention contre la désertification.

En 2014, le Centre de recherche sur l'écologie et l'environnement d'Asie centrale de l'Académie chinoise des sciences a été créé. Celui-ci a ensuite ouvert plusieurs bureaux dans de nombreux pays d'Asie centrale, afin qu’ils puissent jouer un rôle positif en matière de coopération scientifique et technologique, et en matière de formation dans des domaines aussi variés que la protection de l’environnement, l’utilisation durable des ressources, le développement agricole, l'exploration des ressources minérales et la surveillance des catastrophes.

La Chine a également partagé son expérience de la prévention et de la lutte contre la désertification avec les pays situés le long de la Route de la Soie, par le biais de réunions et d'échanges en ligne et hors ligne, par l’envoi à l'étranger de personnel scientifique et technique pour faire bénéficier de ses conseils, et en expédiant des livres et des films pédagogiques. Des échanges avec la plupart de ces pays ont été effectués. Enfin, la Chine a apporté du soutien technique à des pays qui en ont besoin dans le cadre de leurs actions de prévention et de leur lutte contre la désertification. Ainsi au cours des trente dernières années, l’Académie chinoise des sciences a collaboré avec les principaux pays situés le long de la Route de la Soie, dont le Turkménistan, l'Ouzbékistan, le Kirghizistan, le Kazakhstan, l'Iran, l'Égypte, la Syrie, Israël, l'Arabie saoudite et la Mongolie.

Cet article a été initialement publié en chinois sur Chinanews.com.cn.

Photo : Dunhuang / Unsplash

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