
L’écossais Eric Liddell, un athlète légendaire né en Chine
La vie d'Eric Liddell pourrait être
comparée à un roman. Né en 1902 à Tianjin, dans le nord de la Chine, ce fils de
missionnaires anglais a fait ses études dans l’empire du milieu jusqu'à cinq
ans, avant de retourner au Royaume-Uni. Joueur de rugby de l'équipe d'Écosse et
athlète de haut niveau, il a remporté la médaille d’or du 400 mètres lors des
Jeux olympiques de Paris en 1924. Après son succès retentissant dans le monde
sportif, ce fervent chrétien a revêtu ses habits de missionnaire pour retourner
en Chine, où il a contribué, durant deux décennies, au développement sportif de
l’empire du Milieu. Surnommé affectueusement « Norman Bethune* du sport » par les Chinois, l’homme de
sport et de foi, sert de source d’inspiration pour Les Chariots de feu, le célèbre film britannique réalisé par Hugh
Hudson sorti en 1981.
Eric Liddell © Wikimedia Commons
En 2022, à l'occasion du 120e anniversaire de la naissance d'Eric Liddell, l’écrivain et scénariste américain Eric Eichinger, auteur de la biographie d'Eric Liddell - Le match final : l’histoire incroyable du champion olympique durant la Seconde guerre mondiale qui inspire Les Chariots de feu (The Final Race: The Incredible World War II Story of the Olympian Who Inspired Chariots of Fire) -, revient dans un entretien accordé à China News, sur le parcours hors paire d’un héros écossais qui venait de Chine.
Durant son séjour en Chine, qu'a fait Eric Liddell pour faire avancer l'éducation et la pratique du sport dans le pays ?
Eric Liddell est mondialement connu
notamment pour avoir battu le record en gagnant la médaille d’or du 400 mètres
lors des Jeux olympiques de 1924 à Paris. À l’âge de 7 ans, après avoir vu le
film Les Chariots de feu, j’ai été impressionné par
son parcours hors du commun. C’est un sportif polyvalent : à la fois athlète de haut
niveau et joueur de rugby de l’équipe écossaise, il se passionne également pour
le foot, le basket, le tennis et le billard. En Chine, à Tientsin Anglo-Chinese College, une
école fondée par le missionnaire anglais Samuel Lavington Hart, il a enseigné
l’alchimie tout en participant activement à la formation sportive de ses
élèves, leur laissant un impact positif et durable. Un de ses élèves, Yu Wenji,
a écrit, à l’âge de 80 ans, des souvenirs chaleureux et joyeux qu'il a pu
garder de son ancien professeur. Même aujourd’hui, la Fondation d’Eric Liddell continue de financer des
élèves sportifs de haut niveau à Tianjin.
Affiche du film « Les Chariots de feu », DR.
Eric Liddell a participé à la construction et la rénovation du Stade Minyuan, situé dans l'ancienne concession anglaise à Tianjin...
Après son triomphe olympique, Eric Liddell décide de retourner à Tianjin, sa ville natale. Il ramène avec lui le plan de conception du stade londonien Stamford Bridge, qui sert de modèle dans la construction et la rénovation du stade Minyuan. Hissé au premier rang des stades sur la scène internationale, ce stade chinois a accueilli de nombreux événements de grande ampleur, comme les Jeux de l'Extrême-Orient ou encore les Jeux du nord de la Chine. Cela a ainsi valu à l'athlète anglais le titre de « père fondateur du Stade Minyuan ». Durant la Seconde Guerre mondiale, il a été détenu, avec 1 800 étrangers, dans un camp de concentration à Weifang, dans la province du Shandong. Même dans des conditions extrêmes, il a pu garder un optimisme en partageant ses passions pour le sport et l’alchimie avec des jeunes codétenus.
Eric Liddell (2e rang, 7e en partant de la gauche) à Tientsin Anglo-Chinese College © CNS
Dans quelle mesure le sport pourrait servir de pont d’échanges entre les pays ?
Symbole national, le sport pourrait, à
travers les performances des athlètes, véhiculer des messages d’espoir,
d’optimisme, ainsi que d’aspirations aux réussites, pour promouvoir
éventuellement un patriotisme sain et juste auprès des citoyens. Sur la scène
internationale, les athlètes sont, de fait, des « ambassadeurs » de leur propre
pays. Ils séduisent le grand public par leur performance et charisme personnel,
en incarnant au passage l'image du pays qu’ils représentent. Le sport pourrait
ainsi renforcer les échanges culturels entre différents pays. Perçues comme
modèles exemplaires par les jeunes générations, les athlètes pourraient
également être source d'inspiration dans leur manière d’être pour faire face à
des adversaires. Néanmoins, ces athlètes professionnels de haut niveau doivent
veiller à leurs faits et gestes pour ne pas tomber dans l'égocentrisme.
Concernant ce dernier point, je reste toujours admiratif à l'égard des athlètes
chinois qui ne perdent jamais le contrôle de soi dans l’arène. Le plus grand
charme du sport serait sans doute l’esprit de coopération et l’attachement à
l’unité au sein d'une équipe.
Exposition de photos « Eric Liddell et Tianjin » en 2011 © CNS
En 2011, la municipalité de Tianjin et l’Ambassade de Chine au Royaume-Uni ont co-organisé l'exposition de photos Eric Liddell et Tianjin. Par ailleurs, les JO de Paris de 2024 marqueront le centième anniversaire du triomphe olympique d’Eric Liddell, ce qui sera sans doute une belle occasion de lui rendre hommage tout en partageant l’esprit sportif qu'il incarne.
De nombreux pays se mettent à recruter des entraîneurs internationaux. Dans quelle mesure ce type de coopération pourrait-il contribuer au développement du sport ?
Le stade Minyuan à Tianjin © CNS
Le sport est sans frontières, c'est ainsi qu’Eric Liddell est surnommé « Norman Bethune du sport » en Chine. Il est de plus en plus courant pour les pays de recruter des entraîneurs étrangers, comme les États-Unis qui ont eu recours aux entraîneurs chinois pour former leurs équipes de volleyball ou de tennis de table, ou encore la Chine qui a fait appel aux Coréens ou Hongrois pour ses équipes de patinage de vitesse sur courte piste et de foot masculin. À l’ère de la mondialisation, l'essor technologique joue également un rôle essentiel dans les échanges et les partenariats sportifs. La Chine et les États-Unis sont tous deux marqués par le multiculturalisme, l’ouverture d'esprit et la tolérance, se dotant d’une culture de l’échange et du partage. Pour moi, les coopérations sportives entre athlètes et entraîneurs de pays différents reflètent bel et bien la devise olympique « Plus vite, plus haut, plus fort – ensemble ». Le sport, outil idéal pour combler les fossés politique, ethnique, linguistique, voire idéologique, est censé donner un coup de pouce aux échanges culturels et civilisationnels entre différents peuples dans le monde entier.
*Norman Bethune était chirurgien, inventeur et militant politique. En 1938, il s’est rendu en Chine, où il est devenu chirurgien sur le champ de bataille pour les forces communistes de Mao Zedong.
Cet article a été initialement publié en chinois sur Chinanews.com.cn.
Photo du haut : Eric Liddell, DR.
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