Ryo Takeuchi : Comment un réalisateur japonais filme-t-il la Chine authentique ?

1702976992000 China News Xu Xueying
« Parce que j’y vis, je sais à quoi ressemble la Chine authentique. Je l'aime, et quand elle est réprimandée par des étrangers qui ne la comprennent pas, je suis mécontent et je ne veux pas en rester là. C’est pourquoi je veux transmettre ce qu’est la vraie Chine au monde entier. » Cette déclaration émane du réalisateur japonais de documentaires Ryo Takeuchi qui a récemment été interviewé par China News.

Le 8 septembre, Ryo Takeuchi a reçu la distinction « Ambassadeur de bonne volonté » à l’occasion de la première édition du prix Orchidée. Instauré à l’initiative de la China International Publishing Group, ce prix a pour but de mettre en valeur et récompenser les personnes ou les institutions étrangères exceptionnelles du monde entier qui s'engagent dans les échanges culturels internationaux et la promotion des échanges culturels et l'apprentissage mutuel entre les civilisations chinoises et étrangères.

Depuis son arrivée en Chine en 2001 à l’occasion du tournage du documentaire L'Origine du Mahjong pour la NHK japonaise, le réalisateur originaire de la préfecture de Chiba, au Japon, a laissé l’empreinte de ses pas dans près de 30 provinces chinoises, utilisant sa caméra pour enregistrer les us et coutumes de chaque lieu ainsi que les relations et amitiés que les gens entretiennent au-delà des frontières. Alors qu’il a déjà été nommé dans la version japonaise du journal américain Newsweek parmi les « 100 Japonais les plus respectés au monde », il compte plus de 5 millions de fans sur les plateformes de médias sociaux chinoises. Aujourd'hui, lui et son épouse Zhao Ping se sont installés à Nanjing et ont fondé la société de communication culturelle Rêve d’Harmonie, dans l'espoir d'utiliser leurs œuvres pour briser les préjugés et faire découvrir le charme des cultures chinoises et japonaises.

Que ce soit avec La raison pour laquelle je vis ici, Longtemps sans voir Wuhan, S’approcher des montagnes Daliang ou encore Adieu au fleuve Yangtze tout comme À travers le Japon, Ryo Takeuchi excelle dans l’art de présenter la vie qui s’écoule dans ses moindres détails, laissant ainsi le public plongé entre le rire et les larmes. À chaque fois, une grande histoire et une magnifique composition artistique servent la réalité du documentaire.

Vêtu d'une chemise traditionnelle issue de son dernier documentaire À travers le Japon, parlant couramment chinois, Ryo Takeuchi déclarait lors d’une interview : « Les réalisateurs de documentaires guident plus ou moins les protagonistes dans une certaine direction. Sans conseils, le film n'aurait aucun sens. Mais après tout, nous poursuivons la réalité, donc j'estime qu'il vaut mieux guider devant la caméra que d'opérer dans les coulisses. » Les documentaires japonais traditionnels tentent de minimiser autant que possible la présence du réalisateur, mais Ryo Takeuchi a choisi un chemin différent, prenant l'initiative d'apparaître devant la caméra et de discuter avec ses sujets afin d’en saisir dans la plus grande authenticité et la grande émotion.

Ce style a beaucoup de points communs avec les techniques du réalisateur de documentaires américain Michael Moore. Ryo Takeuchi a déclaré aux journalistes que la recherche méticuleuse de la vérité et l'humour très personnel de Moore avaient changé sa conception passée du documentaire. Au cours de plus de 20 ans de tournage, Ryo Takeuchi a progressivement mis au point un ensemble de règles de tournage personnelles : le tournage sans script.

Il a ajouté avec franchise : « Beaucoup de protagonistes m’ont dit après le tournage que ce jour-là, ils avaient plus l’impression d’avoir passé un moment avec le réalisateur que d’avoir été interviewé. Et c’est que je voulais, c'était l’effet recherché ».

En 2020 et 2021, ses documentaires à propos de l’épidémie de COVID Nanjing lieu de lutte contre l’épidémie, Longtemps sans voir Wuhan et L’ère post-épidémique ont suscité de vives discussions en Chine et au Japon. À une époque où le monde extérieur interprète mal et stigmatise la Chine, cette série a offert au public mondial une perspective réelle et objective à la troisième personne.

En 2004, alors qu’il avait 26 ans, Ryo Takeuchi a rencontré sur son lieu de travail Zhao Ping, une jeune fille de Nankin venue étudier au Japon. Il est tombé amoureux d'elle au premier regard. Après être devenu un gendre chinois, il s'est intéressé de plus en plus à la Chine et l'idée lui est progressivement venue de tourner en Chine. Après avoir persévéré pendant deux ans, il a finalement convaincu son épouse Zhao Ping. Tous deux ont abandonné leur travail stable et leur vie au Japon et sont arrivés à Nankin en 2013 pour créer une nouvelle entreprise dans laquelle Zhao Ping occupait le poste de productrice.

La raison pour laquelle je vis ici est l'une des œuvres « à part » de Ryo Takeuchi, qui dresse le portrait de nombreux étrangers vivant en Chine et des Chinois vivant au Japon. Depuis son lancement en 2015, elle compte 341 épisodes à ce jour. L'équipe de Ryo Takeuchi s'est notamment rendue successivement chez Satoshi Nishida, un jeune japonais qui a appris la comédie auprès de l'humoriste Ding Guangquan, Takaharu Shimada, un grand-père japonais qui a ouvert un magasin de curry à Wuhan, Kevin, un garçon belge qui a ouvert une ferme dans le Guizhou, chacun racontant ce qu’il voyait et ce qu’il ressentait dans un pays étranger.

En 2021, Takeuchi a tenu sa promesse faite dix ans plus tôt en parcourant en Chine plus de 6 300 kilomètres le long du fleuve Yangtsé pour fixer sur pellicule son évolution et les changements dans divers endroits. En effet, en 2011, alors qu'il travaillait encore pour la chaîne de télévision japonaise NHK, il avait été chargé de se rendre en Chine pour réaliser le film Entre ciel et terre, le grand voyage sur le fleuve Yangtsé, qui est devenu le lien qui l’unit à la Chine.

Dans un nouveau documentaire intitulé Adieu au fleuve Yangtsé, Ryo Takeuchi s'est rendu à la rivière Tuotuo, à la source ouest du fleuve Yangtsé, pour notamment filmer la fonte des glaciers et la formation de « la première goutte d'eau du fleuve Yangtsé », une vue surplombant les gratte-ciel de Yibin le long de la rivière, une vue dans la nuit scintillante…

En visitant de nouveau le centre de protection des marsouins aptères, également connu sous le nom de Princesse du Yangtsé, il a constaté une augmentation significative du nombre d’individus mais également une considérable amélioration de la qualité de l'eau... Et les changements ne s'arrêteront pas là.

Article traduit du chinois, initialement publié sur Chinanews.com.cn.

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