150e anniversaire de l'intellectuel réformiste Liang Qichao, le premier « nouveau citoyen » de Chine

1708340147943 China News Gao Kai

L'exposition « Le nouveau citoyen de Chine : exposition commémorative du 150e anniversaire de Liang Qichao », au Musée d'art de l'Université Tsinghua, retrace la vie de l’intellectuel chinois, en nous plongeant dans la transition vers la modernité de la Chine.

Liang Qichao, né en 1873 et mort en 1929, est la figure de proue des lettrés réformistes de la dynastie des Qing (1644 - 1911). Connu également sous le prénom social de Zhuoru, il utilise plusieurs pseudonymes dont l'un des plus connus revient sans doute à Zhongguo zhi xinmin, Nouveau citoyen de Chine en français. Pour Liang, le concept constitue un des fondamentaux d’une Chine indépendante pour qu'elle puisse peser sur la scène internationale, car un nouveau citoyen de Chine ne suit pas aveuglément le modèle occidental, et ne s'enferme pas non plus dans ses vieilles idées. À la fois penseur, homme politique, historien, universitaire, écrivain et journaliste, il est l’un des initiateurs de la Réforme des Cent jours lancée entre le 11 juin et le 21 septembre 1898, des mouvements de la « Nouvelle histoire » et de la « Nouvelle justice ». Lors de son 150e anniversaire, le Musée d'art de l'Université Tsinghua lui a consacré l'exposition « Le nouveau citoyen de Chine : l'exposition commémorative du 150e anniversaire de Liang Qichao ».

Quel portrait de Liang Qichao dresse l’exposition ? Ses pensées sont-elles capables d’inspirer les Chinois d’aujourd’hui ? Qu’a-t-il tiré de son voyage en Europe en 1918, notamment sur les échanges civilisationnels entre Orient et Occident ? Entretien avec Du Pengfei, commissaire de l’exposition et vice-directeur exécutif du Musée d’art de l’Université Tsinghua. 

Que peut-on retenir de cette exposition nommée « Le nouveau citoyen de Chine » ?

Nous avons lancé l'exposition pour commémorer le 150e anniversaire de Liang Qichao, personnalité importante dans l’histoire moderne chinoise, ainsi que pour plonger dans la transition vers la modernité de la Chine. L'exposition retrace de manière chronologique sa vie ainsi que ses engagements dans la rénovation de la civilisation chinoise. Elle se divise en quatre chapitres - la nation, le nouveau citoyen, les études nationales et la vocation -, et compte en total 114 objets dont des manuscrits, et des photos de Liang Qichao. Le titre de l'exposition désigne en premier lieu Liang Qichao lui-même, car c’est aussi l’un de ses pseudonymes. De manière plus globale, « le nouveau citoyen de Chine » est aussi un des appels qu’il a lancés à la population chinoise de son époque, ce qui constitue également la ligne directrice de l'exposition. 

Quelles pensées de Liang Qichao nous inspirent toujours aujourd’hui ?

Liang Qichao s’est engagé dans plusieurs domaines. Mais il est avant tout penseur, portant des idées novatrices et révolutionnaires. Notre exposition choisit de rendre hommage à ses contributions dans la sphère académique. Contrairement à beaucoup de ses confrères, il a mené des recherches avec beaucoup de conviction. S’il a lancé les guoxue, en français études nationales, c’est qu'il est convaincu que la discipline représente l’essence culturelle qui rend une nation indépendante. Une idée aussi visionnaire que précieuse. Beaucoup de ses idées inspirent encore les Chinois d’aujourd’hui. Les valeurs familiales, ainsi que ses attachements à la patrie sont au cœur de l’exposition. Tout d’abord, sur le plan de l'éducation familiale, il jouit d’une bonne réputation - tous ses enfants ont réussi brillamment leurs études et carrière. Les études nationales, chères à Liang Qichang, consistent à analyser et comprendre les caractères spécifiques chinois pour faire rayonner l'empire du Milieu sur la scène internationale. D’ailleurs, l’indépendance de l'esprit et la quête de la vérité, mises en valeur par Liang Qichao, sont essentielles pour les jeunes d’aujourd’hui. « Sans être maîtres de notre propre destin, on n’y parvient à rien », comme il l'a dit.  

Dans quelle mesure Liang Qichao a-t-il servi de passeur entre Orient et Occident ?

L'exposition tient à faire entendre la voix qu’il portait dans les échanges entre Orient et Occident. À travers une série de photos, on suit le voyage de Liang Qichao en Europe, en décembre 1918. Avec six autres personnes, il a voulu discuter, en tant que citoyen et intellectuel influent chinois, avec les pays européens pour obtenir leur soutien à la rétrocession du Shandong, ancienne colonie allemande, à la Chine. L’objectif de son voyage est double : élargir son champ de vision pour voir de près comment « cette tragédie historique se termine », et faire montre la revendication et la position de la Chine pour défendre les intérêts nationaux. De retour en Chine, il a écrit Chronique de mon voyage en Europe, un livre qui vise à observer la Chine à travers le prisme mondialiste. Selon lui, « le patriotisme consiste à mettre en valeur aussi bien la nation que les individus et le reste du monde. Nous devons permettre aux individus de déployer librement leurs talents pour contribuer au progrès humain. » Des idées qui s'avèrent constructives même pour les Chinois d’aujourd’hui. 

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