« 10, 10, 10, 10, 10, 10, 10 ! ». Les sept juges annoncent le score. Quan Hongchan vient encore de montrer au monde entier son saut le plus parfait. Le 6 août, à la finale de l’épreuve de plongeon de haut vol féminin (10 m), celle qui avait parfaitement débuté sa carrière aux Jeux olympiques de Tokyo il y a trois ans a définitivement ébloui les spectateurs des Jeux de Paris.

Quan Hongchan surprend même le public dès son premier saut. Elle prend son élan, tombe et tourne gracieusement sur elle-même avant de transpercer l’eau sans faire presque aucune éclaboussure. Chaque mouvement de son corps, qui semble aussi léger qu’une plume, est à la fois précis et puissant. Lors de ce premier plongeon, Quan Hongchan obtient plus de 90 points. Elle maintient ensuite la course en tête et défend finalement son titre olympique avec succès avec plus de 425,60 points. Chen Yuxi, sa coéquipière, arrive seconde. Face aux médias, la jeune femme déclare : « Pour moi, obtenir 10 à l’unanimité des juges, c’est inimaginable. La première des choses sur laquelle il faut se concentrer, c’est réussir chaque mouvement. En fait, il ne faut pas trop réfléchir. »

Ce n’est pas la première fois que Quan Hongchan obtient la totalité des points lors d’une prestation olympique. Lors des Jeux olympiques de Tokyo, il y a trois ans, elle avait participé à sa première compétition internationale, à seulement 14 ans. Sur les 5 plongeons qu’elle avait réalisés à cette occasion, 3 avaient été récompensés par la note maximale. En obtenant le score écrasant de 466,20 points, la Chinoise avait établi le plus haut record de l’histoire dans cette discipline aux J.O. : « Je me souviens très bien de ces trois plongeons et de chacun de ces scores. Les Jeux olympiques de Paris me permettent aujourd’hui de m’en remémorer encore plus clairement. » a-t-elle ajouté. Il convient de rappeler que Quan Hongchan avait également réalisé des plongeons parfaits aux championnats du monde de natation 2023 à Fukuoka, au Japon, ainsi qu'aux Jeux asiatiques de 2022, qui s’étaient eux aussi tenus en 2023. Cette fois-ci à Paris, et contrairement à son excellente performance des Jeux olympiques de Tokyo, Quan Hongchan est toutefois plus sévère envers elle-même. Elle pense d’ailleurs qu’elle ne méritait pas plus que 50 points : « Le premier plongeon est parfait, mais pas ceux d’après. » a-t-elle ainsi concédé. En réalité, et si l’on met en effet de côté son troisième plongeon, sa prestation était extraordinaire. Après s’être vue remise sa médaille d’or sur le podium, la jeune femme s’est jetée, en larmes, dans les bras de son entraîneuse Chen Ruolin, avant d’embrasser sa coéquipière Chen Yuxi. 

C’est à l’âge de 7 ans que Quan Hongchan a commencé la plongée. À 11 ans, elle a intégré l’équipe de la province chinoise du Guangdong. En octobre 2020, elle a remporté l’épreuve du saut de 10 m au championnat chinois de natation. Lors de la finale, elle a battu ses adversaires Ren Qian, Zhang Jiaqi et Chen Yuxi, parvenant à se qualifier pour les Jeux olympiques de Tokyo. Au moment des championnats du monde de natation de 2022 et 2023, elle a été battue par sa coéquipière et rivale Chen Yuxi. Ce n’est finalement qu’aux championnats du monde de natation de 2024, à Doha, au Qatar, qu’elle a obtenu sa première médaille d’or dans cette compétition : « Ces trois années [après les Jeux olympiques de Tokyo] n’ont pas été de tout repos. Le plus dur a été de corriger les mouvements. Il faut retravailler chaque mouvement en permanence, à mesure que l'on prend du poids. Pendant cette période, notre entraîneuse [Chen Ruolin] nous a aidés et encouragés en permanence. À certains moments, lorsqu'elle nous donnait des instructions, certains détails nous échappaient. Et puis les choses sont devenues parfois difficiles. Nous avons compris qu’il fallait tout bien prendre au sérieux et faire preuve d’adaptation. » a-t-elle déclaré.

Après être devenue célèbre, Quan Hongchan a souvent été qualifiée de « génie ». Mais elle a déclaré à ce sujet : « Je ne suis pas géniale comme certains le pensent, tout cela ne relève que du travail et de la persévérance. Cette période a été très difficile pour moi. Pendant ces trois années [précédant les J.O.], j’ai travaillé dur, j’ai parfois pleuré, mais j’ai aussi ressenti de grands moments de joie. Obtenir cette médaille d’or n’a vraiment pas été une chose facile. » Malgré son surnom prestigieux, Quan Hongchan a déclaré qu'elle ne subissait pas trop de pression : « Je sais que derrière moi, il y a toujours Chen Yuxi, et même si je ne plonge pas bien, je peux toujours compter sur elle. Je ne pense donc à rien d’autre que de bien accomplir ma tâche. » 

Bien qu’elles soient de grandes rivales, Quan Hongchan et Chen Yuxi s’apprécient et se soutiennent mutuellement. Elles sont aussi coéquipières en saut synchronisé. À chaque fois qu’elles ont concouru ensemble elles n’ont d’ailleurs jamais perdu. En sautant toutes les deux, elles ont remporté la médaille d’or à Paris. Et Chen Yuxi ne regrette pas de ne pas l’avoir remporté ce titre individuellement : « Le fait que nous ayons concouru ensemble en tant que ‘double assurance’ pour la Chine, mais aussi le fait que nous ayons remporté les médailles d'or et d'argent pour notre pays, tout cela me rend très heureuse. Je pense que cette compétition était plus une motivation qu'une pression. Et peu importe que ce soit elle [Quan Hongchan] ou moi qui gagne. Nous nous battons toutes les deux pour notre pays. Et tant que la Chine remporte la médaille d'or, cela nous convient à toutes les deux. » 

Photos : Xinhua