
Le développement du snooker chinois, à l’orée des cultures entre l’Orient et l’Occident
Né en 1987 et devenu célèbre dès son plus jeune âge, Ding Junhui est le deuxième joueur de snooker, après John Higgins, à avoir remporté trois tournois classés avant l'âge de 20 ans. Il convient de mentionner que ses adversaires lors de ces trois tournois étaient l’écossais Stephen Hendry, l’anglais Steve Davis et le britannique Ronnie O'Sullivan, trois générations de « rois des billes ».
Ding Junhui écrit également en permanence l’histoire du snooker chinois. En effet, depuis qu'il a réalisé son rêve de remporter l'Open de Chine pour la première fois en 2005, il a remporté jusqu’à présent 14 tournois classés et 4 grands championnats (dont 3 championnats britanniques et 1 Wembley Masters). Ses performances sont supérieures à celles de tous les autres joueurs asiatiques réunis.
À l’occasion du World Snooker Shanghai Masters 2024 qui s'est tenu récemment en Chine, le « grand frère » du snooker chinois Ding Junhui a accordé avant la compétition un entretien exclusif à China News. Il a déclaré que le snooker n'avait pas de frontières et que les joueurs du monde entier pouvaient mutuellement trouver dans cet espace de jeu paisible une aura de communiquer et entrer en résonance.
La « variabilité » est le plus grand charme du snooker
Le terme Sinuoke 斯诺克, translittération du mot anglais snooker, signifie « obstacle ». Le snooker oblige les joueurs à créer délibérément des obstacles pour leurs adversaires tout en surmontant constamment eux-mêmes les obstacles de ces derniers. L’équilibre entre attaque et défense rend ce sport assez agréable à regarder.
Selon Ding Junhui, le plus grand charme du snooker réside dans sa « variabilité ». Il déclare que : « Les règles du snooker impliquent que nous rencontrions rarement le même jeu, il existe donc différentes façons de “résoudre” la bille et c'est ce qui est le plus amusant. Une partie de snooker ne se termine pas trop rapidement, elle comporte quelques centaines de coups défensifs agréables à regarder. Depuis que je suis enfant je trouve cela très intéressant ».
La variabilité du snooker émane de la personnalité de Ding Junhui et a formé également la variabilité de son tempérament. Ainsi, le monde extérieur l’apprécie comme une personne « honnête » et « introvertie », l’expression « économe en paroles » fait consensus pour les journalistes qui l'ont interviewé alors que sur Weibo l'introverti Ding Junhui est un « garçon ordinaire » joyeux et drôle.
L’homme est capable de porter des lunettes de soleil Mickey Mouse avec la légende « Laissez-moi voir ce que tout le monde fait » ou de publier également des photos de chats regardant par l’entrebâillement d’une porte avec la légende « J'ai l'impression qu'ils me regardent en train de jouer ». Lorsqu'on lui demande s'il a passé le test d’évaluation psychologique de personnalité MBTI, Ding Junhui, alors qu’il avait toujours été calme, a laissé échapper : « Qu'est-ce que c'est que ce truc ? » et, agitant ses mains avec un sourire, a ajouté : « Je ne comprends pas très bien. »
« Une communication non verbale et invisible » permet au snooker d'intégrer l'Orient et l'Occident
Né en Inde et développé au Royaume-Uni, le snooker est un sport qui unit l'Orient et l'Occident et permet à ses fans d'horizons culturels différents de résonner les uns avec les autres à travers leurs vastes stratégies de maniement de la queue de snooker.
Avec son style de jeu magnifique et sa personnalité décomplexée, « The Rocket » Ronnie O'Sullivan, l'idole de son enfance, est exactement le contraire de Ding Junhui. Cependant, une profonde amitié les unit, et Ding Junhui a décrit ainsi son vieil ami : « O'Sullivan prend bien soin de moi, en m'apportant notamment un soulagement émotionnel et un réconfort. »
Lors du Wembley Masters 2007, Ding Junhui, alors âgé de 19 ans, a marqué 147 points pour la première fois de sa carrière, devenant ainsi le plus jeune joueur de l'histoire à réaliser un score parfait sur un seul coup. Cependant, dans le duel avec O'Sullivan, Ding Junhui a été insulté par ses fans et n’a pu s'empêcher de pleurer. Afin d'apaiser leurs émotions, les deux rivaux se sont rendus dans salon privé pour échanger, O'Sullivan a réconforté Ding Junhui et a déclaré qu'il avait été également réprimandé par les fans de son adversaire lors de son arrivée à Londres. Après la compétition, le joueur britannique a invité Ding Junhui, espérant avoir l'opportunité de s'entraîner davantage avec lui.
La relation entre O'Sullivan et Ding Junhui s'est également poursuivie en dehors du terrain. Lors du match d'exhibition en Chine de cette année, O'Sullivan a publié une photo où l’on peut le voir faisant une accolade avec le père de Ding Junhui. Lorsqu'on lui a demandé depuis combien de temps il connaissait son confrère britannique, Ding Junhui a répondu avec humour : « J'ai dû le connaître bien plus tôt qu'il ne m'a connu. » O'Sullivan a répondu qu'il se souvenait que Ding Junhui était encore un enfant lorsqu’ils ont joué ensemble pour la première fois et a ajouté : « C'est un grand joueur et l'un des joueurs les plus titrés de Chine. »
Évoquant l'échange de culture du snooker entre l'Orient et l'Occident, Ding Junhui a déclaré : « Qu'il s'agisse de joueurs chinois ou de joueurs étrangers, je pense que tout le monde aime jouer dans la même arène et selon les mêmes règles. C'est un bon moyen de communication et bien que vous ne puissiez pas communiquer avec des mots ou montrer certaines émotions dans l’arène du snooker, cela reste évident dans une forme d’échange non verbal invisible, une sorte d’aura. »
L’Occident accorde une « attention croissante » aux acteurs chinois
Avant l'apparition de Ding Junhui, les joueurs britanniques monopolisaient la plupart des honneurs du snooker mondial. Le public international n'aurait jamais pensé que ce jeune homme réécrirait le paysage mondial du snooker.
En 2005 lors de l’Open de Chine de snooker qui a eu lieu à Pékin, Ding Junhui a battu en finale « L’empereur du billard » Stephen Hendry sur un score de 9-5, remportant ainsi son premier championnat de classement professionnel de la Fédération mondiale de Taïwan. C'était également la première fois qu'un joueur chinois était vainqueur d’une telle compétition.
Ding Junhui a déclaré : « Personnellement, je pense qu'au début l'Occident voyait d’un mauvais œil le développement du snooker chinois. Cependant, au fur et à mesure que de nombreux jeunes joueurs ont participé à des compétitions professionnelles, avec de plus en plus de joueurs chinois, ils ont accordé un plus grand intérêt à ces derniers ainsi qu’aux joueurs asiatiques. »
Initialement considérée comme une pratique sportive anodine en Chine, le snooker a gagné ses lettres de noblesse et sa popularité grâce à l'émergence de Ding Junhui. Ainsi en 2016, lors des Championnats du monde, 210 millions de personnes ont regardé les matchs de Ding Junhui. En repensant à cette époque, le champion a déclaré : « Cela fut une étape très significative. »
En 2007, la création de la Beijing Snooker Academy, première base officielle de formation de snooker en Chine, a marqué le début de la standardisation et de la professionnalisation du snooker chinois. L'émergence actuelle de nombreux jeunes joueurs exceptionnels rend l'avenir du snooker chinois plein d'espoir.
Article traduit du chinois, initialement publié sur Chinanews.com.cn.
Commentaires