La fin des politiques du Zéro-Covid fin 2022 a sonné en Chine le retour du tourisme, et surtout, du tourisme international. À l’heure où les vols reprennent entre les principales mégapoles chinoises et le reste du monde, il est désormais possible, pour ceux qui viennent de l’étranger, de revenir explorer la Chine. On vous propose de partir, en voiture ou à deux roues, à la découverte de la plus longue route de Chine : la G318. 

En Chine, les habitués des road trips la connaissent tous. Elle est un peu l’équivalent de l’ancienne route 66 américaine, mais la dépasse de par sa taille et la diversité des paysages qu’elle offre. Pour ces voyageurs de la Chine au long cours, c’est « La route qu’il faut faire au moins une fois dans sa vie » (“此生必驾的路”) : la route nationale 318 ou G318. 

De Shanghai au Népal 

La G318 traverse la Chine d'est en ouest depuis Shanghai jusqu'à Zhangmu, à la frontière sino-népalaise. D'une longueur de 5 476 kilomètres, c'est la route la plus longue de Chine. Elle traverse les provinces du Zhejiang, de l’Anhui, du Hubei, Chongqing, du Sichuan et se termine au Tibet. Sur son tronçon de Lhassa à Zhangmu, elle est aussi surnommée la « route de l'Amitié ». Au pont de l'Amitié, à la frontière sino-népalaise, situé entre le bourg de Zhangmu en Chine et la ville de Kodari au Népal, et enjambant la rivière Bhote Koshi, elle se connecte avec la route Araniko, longue de 115 kilomètres, qui rejoint la capitale du Népal, Katmandou. 

Pour certains Chinois, la G318 revêt une aura quasi- mystique : en effet elle suit plus ou moins le tracé du 30^e parallèle nord, que les amateurs de mystères et complots en tout genre connaissent ; c’est le parallèle qui relie un certain nombre de merveilles et de lieux géographiques du monde : le Mississippi aux États-Unis, l'Euphrate en Irak, le Yangtsé en Chine se jettent tous dans la mer autour du 30^e parallèle ; les pyramides et le Grand Sphinx de Gizeh en Égypte, le Triangle des Bermudes, les Jardins suspendus de Babylone sont également situés dans cette ceinture. Étonnamment la Chine possède aussi le plus grand nombre de zones touristiques autour de cette coordonnée. Ainsi le fleuve Qiantang à Hangzhou (et son impressionnant mascaret), le lac de l'Ouest, le mont Huang (qui ont inspiré des générations de peintres et lettrés anciens), le lac Poyang (le plus grand lac d’eau douce de Chine), la réserve naturelle de Shennongjia ou celle, magnifique, de Zhangjiajie, les Trois Gorges du Yangtsé, le mont Emei (sacré des bouddhistes) ou le mont Gongga (sacré des Tibétains) se situent généralement à côté, sinon à moins de 200 kilomètres de la G318 ! 

L'autoroute de l’Amitié. Royonx, CC0, via Wikimedia Commons

Outre l’aspect géographique, certains points de passage sont d’intérêt historique : les sites archéologiques de Liangzhu (pour ses artefacts en jade), les ruines de Sanxingdui (et sa mystérieuse civilisation), ou encore la route de Tangbo, jadis empruntée au Moyen Âge par la princesse chinoise Wencheng pour aller épouser le roi du Tibet. 

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L’acmé : le tronçon Chengdu-Lhassa 

Enfin notez que la G318 se fait aussi en vélo, c’est d’ailleurs très populaire en Chine et c’est un vrai défi, notamment pour la portion Sichuan-Tibet ! 

Si la G318 est connue pour être la plus longue de Chine, la partie qui va de Chengdu à Lhassa est la plus célèbre. C’est la plus dangereuse mais aussi la plus magnifique : 2 100 km avec des dénivelés qui peuvent faire 3 000 mètres en peu de temps, des paysages à couper le souffle qui s’enchaînent et où chaque vallée a son propre microclimat ! C’est aussi la partie qui va vous demander le plus de préparation. 

Budget : comptez au moins 15 000 à 20 000 yuans pour tout le parcours, comprenant les hôtels – qui peuvent être très chers en haute saison –, la nourriture, les péages, le carburant, les tickets d’entrée des parcs... Et cela sans compter la location de la voiture ! Pour partager les frais et s’assurer une compagnie qui peut être utile en cas de pépin, mieux vaut partir à plusieurs ! 

Période : les mois de septembre et octobre sont les meilleurs : couleurs chatoyantes de l’automne, climat doux... ce sont aussi les plus populaires, avec beaucoup de monde sur les routes. Le mois de mai est un bon compromis même s’il peut faire encore froid en montagne. En plaine (de Shanghai à Chengdu), la campagne sera en fleur et le climat agréable. D’avril à novembre, les routes peuvent être couvertes de neige et s’avérer dangereuses en altitude. Enfin évitez vraiment les mois de juin à août, car c’est la saison des pluies : non pas parce que c’est moins joli, mais parce que c’est très dangereux ! Vous risqueriez d’être bloqué par des inondations, emporté par des éboulements, etc... 

Durée : prévoyez 30 jours minimum pour la totalité de la G318 en voiture, dont 6 à 15 jours minimum pour le tronçon Chengdu – Lhassa en fonction de votre vitesse (25 à 30 jours en vélo minimum pour ce tronçon). 

Comment louer une voiture en Chine ? 

Il est tout à fait possible de louer un véhicule en Chine pour un étranger. Des agences de location internationales comme Avis ou Hertz sont présentes dans les zones à forte affluence internationale comme à l'aéroport de Pékin, et proposent des services en différentes langues. Ailleurs ce peut être plus compliqué dans le sens où le bailleur n’aura peut-être jamais été confronté à un client étranger et pourra s’avérer réticent. Dans ce cas, armez-vous alors de patience, et attendez-vous aussi à des cautions élevées (de quelques milliers jusqu’à 20 000 yuans parfois). Sachez aussi négocier ! 

Pour louer, il vous faudra un permis de conduire chinois (possible de l’échanger avec un permis français). Une solution temporaire pour les touristes de passage détenteurs de permis étrangers, est d'obtenir un permis provisoire avec quelques formalités auprès de la police locale. Conduire en Chine peut nécessiter une adaptation, et bien que la maîtrise du chinois ne soit pas obligatoire, il est recommandé d'apprendre les bases pour comprendre les panneaux de signalisation. 

Conduire en Chine ? 

En vertu d’un accord signé par la Chine et la France sur la reconnaissance mutuelle et les échanges de permis de conduire entre les deux pays, entré en vigueur en 2021, la Chine et la France permettent aux détenteurs de permis de conduire valides émis par l'une ou l'autre partie de conduire directement ou d'obtenir des permis sans test supplémentaire. 

Les personnes qui séjournent dans l'un des deux pays pendant moins d'un an verront leur permis de conduire reconnu dans le pays de destination, et les personnes qui restent plus d'un an pourront échanger leur permis de conduire original en un permis local sans test séparé. Le traitement réciproque sera appliqué également aux étudiants des deux pays. Dans les faits, les modalités de l’échange varient d’une localité à l’autre. Pour ce faire, il faut se renseigner au poste de police local. Il vous faudra a minima vous munir de vos pièces d’identité et permis de séjour (éventuellement votre preuve d’enregistrement de résidence à la police), votre permis de conduire et une traduction de celui-ci en chinois. 

Les dangers 

La G318 est une route dangereuse, plus particulièrement en région montagneuse. L’altitude, le climat peuvent varier brusquement. Les chaussées peuvent être endommagées par des inondations, des éboulements. Elles peuvent être encombrées par un trafic imprévu (camions coincés dans des virages exigus, accidents...). 

• Prévoyez un nécessaire de secours ainsi que de l’oxygène pour le mal des montagnes ;

• Soyez bien équipé en cas d’avaries. Éventuellement, prévoyez des chaînes neige, une tente, de l’argent en espèces ; 

• Étudiez soigneusement votre parcours et prévoyez des zones de ravitaillement ;

• Pour les ressortissants étrangers, renseignez- vous sur les formalités avant d’entrer au Tibet. Un permis sous condition sera nécessaire. En Chine,
la réglementation impose d’enregistrer à la police son lieu d’hébergement. Les hôtels le feront pour vous, mais tous les hôtels, surtout dans les régions reculées, ne seront pas en mesure de vous recevoir. 

Les autres routes fameuses en Chine ? 

La Chine est vaste et sa géographie variée. Il existe de nombreuses autres voies toutes aussi magnifiques que la G318. Certaines ne sont malheureusement pas toujours ouvertes aux étrangers pour des question de sécurité. Quelques exemples : 

• la G219, ou route de Xinjiang-Tibet, l'une des
routes les plus hautes et les plus difficiles du
monde, souvent surnommée « la route de la mort ». Elle s'étend sur 2 340 km, de Yecheng au Xinjiang,
à Lhassa au Tibet, dans un des milieux les plus inhospitaliers de la planète, et passe par plusieurs cols de montagne de plus de 5 000 mètres d'altitude ; 

• la G321, qui commence à Canton dans le
sud et se termine à Chengdu au Sichuan. Elle
passe par le Guangxi, le Guizhou et les paysages montagneux karstiques typiques du sud-ouest de
la Chine, ainsi qu’au-dessus d’incroyables ravins ;

• la G7, route express qui relie Pékin au Xinjiang, en suivant la route de la soie, qui passe par la Mongolie- Intérieure, le Gansu et une partie du désert du Gobi ;

• la Route circulaire de Hainan, qui relie 12
comtés de Hainan, offrant une vue imprenable
sur la mer et les paysages naturels de l'île,
le tout dans une ambiance tropicale ;

• la G201, qui part du Heilongjiang pour arriver à Jilin, traversant le cœur septentrional chinois au milieu des forêts naturelles du Grand Khingan avec la possibilité de rencontrer des animaux sauvages en chemin. 

Photo du haut : la passe de Lhapka, à plus de 5 200 mètres d'altitude, près de la frontière avec le Népal © Pxhere